Comment réveiller ton enfant intérieur pour cultiver un regard d’artiste

Réveiller son enfant intérieur passe par apprendre à voir autrement, observer son quotidien avec des yeux neufs et émerveillés.
J’ai déjà exploré comment retrouver son âme d’enfant pour créer librement. L’article pose les fondations du geste créateur spontané : le corps, le support, les outils et le temps.
Aujourd’hui, nous allons nous focaliser non pas sur le geste, mais sur le regard, la façon d’observer. Le défi créatif des 4 saisons continue avec deux invitations créatives pour observer autrement et transformer ta perception du quotidien.

Réveiller ton enfant intérieur : texte sur bonbonnière

I. Pourquoi réveiller ton enfant intérieur change ton regard d’artiste

La curiosité naturelle des enfants

Les enfants possèdent une béatitude et une curiosité naturelle fascinantes. Ils ont cet émerveillement spontané face au monde qui fait que rien n’est banal à leurs yeux. Tout mérite d’être exploré, touché, questionné.
Se reconnecter à son enfant intérieur, c’est retrouver cet émerveillement du quotidien que l’adulte a oublié.

Cette curiosité alimente directement ta créativité. Dès qu’elle s’éteint, tu reproduis des automatismes. La cultiver permet ainsi de garder ton regard et ton inspiration vivants.

Les bénéfices concrets pour ton regard d’artiste

Réveiller cet enfant intérieur par l’observation sensible ravive ton engouement pour la découverte. Tu retrouves cet émerveillement face au détail que ton œil adulte ignore habituellement.
Observer devient un jeu, une exploration sensorielle qui te permet de te reconnecter à ton monde intérieur. Cette joie simple de créer sans jugement ni peur de « mal faire » se réveille naturellement.
Le challenge n’est pas technique mais perceptif : tu réapprends à voir ce qui a toujours été là.

II. Regarder comme un enfant : la clé pour voir comme un artiste

Pour comprendre comment les enfants perçoivent le monde, je me suis plongée dans le travail de pédagogues :

  • Loris Malaguzzi : Sa pédagogie Reggio Emilia a révolutionné l’éducation en plaçant la perception sensorielle au cœur de l’apprentissage. Malaguzzi parle des « cent langages » de l’enfant – cette capacité à explorer le réel par tous ses sens, simultanément.
  • Bruno Munari : Designer et artiste passionné par la façon dont le toucher, la manipulation et le jeu libre éveillent la créativité. Il a consacré une partie de son œuvre à créer des expériences sensorielles sans contrainte ni jugement pour les enfants.
  • Jean Piaget : Il a décrypté les étapes du développement cognitif. Il a identifié le moment où l’enfant bascule de la perception globale vers la catégorisation mentale.
  • Danis Bois et Eve Berger (psychopédagogie perceptive) : Ils ont montré que le corps garde mémoire de cette perception enfantine qui reste accessible à tout moment.

Ces découvertes nous concernent directement car elles nous donnent les clés pour réveiller notre regard d’artiste…
Voici trois clés pour retrouver ton regard d’enfant :

1.L’observation avec tout son corps

Malaguzzi note comment l’enfant perçoit simultanément par tous ses sens, sans hiérarchie entre vue/toucher/ouïe.
Munari, a montré que le toucher n’accompagne pas simplement la vision mais la complète et l’enrichit.

→ Pour ton regard d’artiste : Cela signifie que quand tu observes un sujet à représenter, tu ne te contentes pas de le « regarder ». Tu l’accueilles avec tous tes sens en éveil et ces sensations enrichissent ce que tu crées. Réengager ton corps entier dans l’observation transforme donc radicalement ce que tu vois.

2.La curiosité sans filtre mental

La pédagogie Reggio Emilia crée des situations où l’enfant explore librement, guidé par sa seule curiosité.
Selon Piaget, le moment où l’enfant bascule du « je ressens » au « je sais » survient vers 9-10 ans. Le filtre mental s’installe et catégorise instantanément.

→ Pour ton regard d’artiste : Ce filtre mental est ton premier ennemi créatif.
Évite ce réflexe : « C’est juste une chaise, je connais, ce n’est pas intéressant. » Retrouver la curiosité de l’enfant, c’est questionner ce que tu crois connaître. « Et si je regardais cette chaise d’en bas ? Pourquoi cette ombre est-elle violette et pas grise ? » Cette candeur rouvre le champ des possibles et révèle des détails que ton œil adulte avait ignorés.

3.Le micro-détail comme porte d’entrée

S’attarder sur le presque-rien (égratignure, reflet, ombre) contourne le mental qui juge « c’est banal ». La psychopédagogie perceptive montre qu’observer lentement un détail fait remonter des mémoires sensorielles enfouies.

→ Pour ton regard d’artiste : Ces micro-détails sont des trésors créatifs ignorés. Une fissure devient ligne de composition. Un reflet devient sujet à part entière. Une texture devient motif fascinant. En portant ton regard sur ces « riens », tu dissous naturellement ta critique intérieure. Tu laisses ton intuition créative te guider vers ce qui te touche vraiment, sans justification intellectuelle.

Réveiller ton enfant intérieur: bonbonnière

III. Deux invitations créatives pour réveiller ton enfant intérieur

Voici deux exercices pour voir comme un artiste, simples à intégrer dans ton quotidien. Ces idées créatives pour retrouver ton regard d’enfant ne demandent aucun matériel sophistiqué. Tu peux les pratiquer avec ce que tu as sous la main, et les adapter au fil des saisons.

Un objet, cinq vues – Quel angle préfères-tu?

Le principe

Observer un même objet quotidien sous cinq angles différents pour dépasser ta première impression et réveiller ta curiosité visuelle.

1.Choisis un objet banal

Une coquille d’escargot ramassée dans ton jardin. Ta tasse du matin. Une feuille morte. Un galet. Quelque chose de simple, que tu crois déjà connaître.

2.Observe-le sous cinq angles différents

  • En plongée / En contre-plongée
  • En gros plan / de loin
  • Sous la lumière directe / dans l’ombre
  • À travers un filtre (ex : un verre d’eau, un miroir )

Prends ton temps. Laisse ton œil s’attarder sur les textures, les reflets, les détails que tu n’avais jamais remarqués.

3.Photographie en série

Quel angle te surprend le plus ? Lequel résonne en toi ?
Photographie ces 5 angles puis identifie ton préféré. L’important n’est pas le résultat technique mais ce que cette observation a réveillé en toi.

Réveiller ton enfant intérieur: galet

Joie retrouvée – Une chose que ton moi de 7 ans adorerait

Le principe

Retrouver l’émerveillement spontané pour identifier ce qui te touche vraiment, sans filtre mental.

1.Souviens-toi de l’enfant que tu étais à 7 ans

Ferme les yeux un instant et souviens-toi ce qui faisait vibrer ton toi de 7 ans :

  • Une couleur particulière ?
  • Une texture ?
  • Un jeu ?
  • Un lieu ?

Ne cherche pas à intellectualiser. Laisse remonter les sensations, les souvenirs sensoriels.

2.Trouve aujourd’hui un équivalent dans ton environnement

Regarde autour de toi. Qu’est-ce qui te rappelle cette joie de 7 ans ? Parfois c’est évident, parfois moins… Laisse-toi guider par ta sensation intérieure, pas par la logique.

3.Crée à partir de tes sensations

Comment et avec quoi créer à partir de ce souvenir sensoriel ?
Prends une ou plusieurs photos de cet objet, ce lieu ou cet être qui te touche.
L’important est de matérialiser cette connexion retrouvée avec ton enfant intérieur, de lui donner forme, même modeste.
Matérialise ensuite cette connexion en :

  • Dessinant sur la photo
  • Jouant avec des collages
  • Écrivant dessus
  • Prolongeant l’image sur un support plus grand
  • Ajoutant des éléments oniriques ou symboliques
  • etc…
Réveiller ton enfant intérieur: dessins de Sarah Kay

Personnellement, j’aime retrouver les livres de Sarah Kay qui ont bercé mon enfance. Je savoure les traits du dessin comme les motifs, les couleurs, les textures des costumes, la posture des personnages etc… La naïveté et la désuétude des textes me touchent également. Les atmosphères contemplatives, naturelles, les activités manuelles et culturelles m’apaisent toujours autant.
Hasard ou pas, je réalise aussi que je possède des objets qui se trouvent dans chacun de ses dessins…

IV. Des idées simples pour ancrer ton enfant intérieur au quotidien

5 minutes par jour

Choisis à tout moment un élément et regarde-le en changeant d’angle.
Laisse cette observation transformer ta relation au lieu, à l’objet.

Lien avec le défi des 4 saisons

Adapte ces exercices d’observation aux cycles naturels du défi pour voir comme un artiste.
Tu t’ancres ainsi dans le rythme des saisons tout en cultivant ton regard d’artiste.

Un micro-journal sensoriel

Tu peux aussi prendre note en quelques lignes de ces traces sensorielles, ces souvenirs ou surprises.
Exemple : « Sous mes doigts, la texture de l’écorce du vieux platane: souvenir de la cour d’école .»

V. Quelques artistes pour entraîner ton regard

Pour l’invitation 1 : Un objet, cinq vues

• Edward Weston (photographie)
Ses gros plans de poivrons, coquillages ou légumes transforment l’objet banal en sculpture. Il joue avec l’angle, la lumière et la distance, révélant textures et volumes cachés. Par un simple changement de point de vue, il fait naître un autre monde.

• Paul Cézanne (peinture)
Il a passé sa vie à peindre le même motif (Montagne Sainte-Victoire) en variant angles et construction. Cela lui a permis de s’ouvrir à une perception plus profonde du réel. Après lui, les cubistes tels que Braque ou Picasso ont poussé cette démarche plus loin. Les motifs sont décomposés en multiples facettes, comme si on voyait l’objet sous plusieurs angles à la fois.

• Georgia O’Keeffe (peinture)
Pionnière du gros plan sur des formes organiques (fleurs, os), elle déconstruit le banal en détails intimes. Elle invite à un regard neuf sur la texture et la lumière, comme un enfant explorant un coquillage.

Pour l’invitation 2 : Joie retrouvée

• Martin Parr (photographie)
Ses images saturées d’objets colorés et scènes de vacances montrent un quotidien kitsch à la fois tendre et ironique. En se concentrant sur ces détails ludiques, il réactive une joie enfantine.

• William Eggleston (photographie)
Ses photos d’objets et lieux ordinaires (distributeurs, emballages, trottoirs) aux couleurs intenses invitent à ressentir la magie du banal. Comme un enfant fasciné par une simple canette rouge ou un néon, il transforme le quotidien en émerveillement.

Réveiller ton enfant intérieur: artistes

Et toi, comment vas-tu réveiller ton enfant intérieur ?

Retrouver ton regard d’enfant aide à créer sans peur et libérer la peur du jugement dans la création. Tu renoues avec ton intériorité grâce à l’art, avec cet émerveillement du quotidien que l’œil adulte avait oublié.
Tu as maintenant deux invitations concrètes pour transformer ton regard. Pas besoin d’attendre le moment parfait : commence là, maintenant, avec ce qui t’entoure.
Ces exercices pour réveiller son enfant intérieur sont des invitations à ralentir et observer. À écouter tes élans créatifs plutôt que ta critique intérieure.
Je serais heureuse de découvrir tes photos ou un extrait de ton micro-journal sensoriel.
Partage en commentaires ou sur le groupe Facebook Rêve Debout. Ces petits témoignages créent une belle dynamique collective et inspirent les autres à se lancer.

Continue avec les autres articles du Défi des 4 saisons:
Comment être plus créatif : 32 invitations pour voir comme un artiste
Défi artistique: 2 façons d’explorer ton espace quotidien
Mixed media : comment explorer textures et matières?
Comment créer des motifs artistiques à partir de ton environnement
Chaque invitation est une porte d’entrée vers ton intériorité, vers ce regard d’artiste qui sommeille en toi.

Épingle cet article dans tes tableaux Pinterest pour le retrouver facilement:

Réveiller ton enfant intérieur dans pinterest
Cet article vous a intéressé ? Vous êtes libre de le partager !

1 réflexion sur “Comment réveiller ton enfant intérieur pour cultiver un regard d’artiste”

  1. Cet article rappelle avec beaucoup de douceur que créer commence, avant tout, par apprendre à regarder. Retrouver ce regard curieux, sensoriel et libre de l’enfant permet de sortir des automatismes et de redonner de la fraîcheur au quotidien. Les invitations proposées sont simples, concrètes et donnent vraiment envie de ralentir pour observer autrement. Merci Sylvie pour ce texte qui réconcilie création, perception et plaisir. Et j’ai revu avec plaisir tes illustrations de Sarah Kay qui m’ont rappelé également mon enfance !

Laisser un commentaire

Retour en haut