La slow life séduit de plus en plus celles qui souhaitent retrouver du sens et renouer avec leur créativité. Pourtant, même avec cette belle intention, nous restons parfois devant notre matériel créatif, dispersée entre mille idées. Cette sensation de papillonner ici et là, je la connais bien.
Car paradoxalement, notre époque nous pousse vers une accélération créative qui épuise sans faire avancer.
Entre la dispersion des projets et le mythe de la productivité constante, nous perdons cette joie simple de créer.
Et si la sagesse millénaire du Japon pouvait nous offrir une autre voie ? Une approche qui réconcilie enfin ralentissement et action créative ?
Cet article participe à l’événement inter-blogueurs « Vos secrets pour passer à l’action ». Cette initiative est proposée par Eva du blog Mon Bagage Culturel, qui propose des contenus pour développer sa culture générale.
I.Le slow life, une alternative pour enfin s’autoriser à créer !
Qu’est-ce que le slow life ?
Le slow life est une invitation à reconsidérer nos modes de vie avec une approche plus consciente de notre quotidien. Cette philosophie, qui, une fois appliquée est appelée slow living, puise dans 4 principes :
- Consommer moins pour vivre mieux
- Privilégier la qualité à la quantité.
- Cultiver une attention pleine à ce qu’on entreprend
- Respecter son rythme naturel
Mais attention, ralentir ne veut pas dire s’arrêter ou tourner en rond. Le slow life n’est pas du ralentissement pour ralentir. C’est l’art de créer de l’espace pour que l’essentiel émerge, pour que tes vraies envies puissent enfin respirer.
Pourquoi le slow life aide à passer à l’action créative
Parce qu’il t’invite à sortir du mode « pilote automatique ». En ralentissant, tu retrouves de l’espace pour écouter ce qui t’anime vraiment.
Le slow life, c’est aussi accepter que la création ne se commande pas. Elle a besoin de silence, de respiration, d’ennui parfois. C’est dans ces moments suspendus, loin de la course et des injonctions, que naissent les idées les plus lumineuses. Tu n’as pas besoin d’un agenda surchargé ou d’un matériel sophistiqué pour créer. Parfois, il suffit d’oser t’arrêter, de regarder autour de toi, de prêter attention à tes sensations.
Créer en douceur, c’est choisir de t’accorder du temps, sans culpabilité. L’important est d’être présente à ce que tu fais sans chercher ni la performance ni la perfection.
Et si tu faisais aujourd’hui une petite place à la lenteur dans ta routine ? Juste cinq minutes pour respirer, observer, griffonner, rêver…
Prête à découvrir comment les sagesses japonaises peuvent t’accompagner sur ce chemin ?
Voici trois concepts inspirants, pour réinventer ta façon de créer, tout en douceur.
II. 3 concepts japonais pour une créativité en mode « slow life »
Les Japonais ont cette sagesse de voir la beauté dans l’imperfection, la force dans la patience, l’inspiration dans le silence. Ils nous offrent des concepts qui résonnent parfaitement avec notre quête d’une créativité plus alignée.
Je t’invite à découvrir trois de ces trésors philosophiques. Non pas comme des règles à appliquer, mais comme des invitations à regarder ta créativité d’un œil nouveau.
1. OUBAITORI – Ton rythme unique de création
Oubaitori s’écrit avec quatre caractères magnifiques : 桜 (cerisier), 梅 (prunier), 桃 (pêcher), 李 (abricotier). Quatre arbres, quatre floraisons différentes, quatre beautés uniques.
Qui n’a pas eu cette petite voix sournoise en scrollant sur Instagram ? « Elle crée tellement mieux que moi… » « Je ne serai jamais aussi douée… » « À mon âge, c’est trop tard pour commencer… » « Mon style n’est pas assez original… »
Cette voix, c’est le poison de la comparaison. Elle nous fait croire que nous sommes en retard, pas assez bien, pas assez originales. Comme si la créativité était une course où il faudrait absolument arriver première.
Dans la culture japonaise, ce concept nous rappelle que chacun a sa saison, sa couleur, son parfum, sa grâce particulière. Aucun arbre n’est supérieur à l’autre. Ils sont simplement… différents.
Tu n’es pas un cerisier qui devrait fleurir comme un prunier.
Tu n’es pas en compétition : tu as un regard sur le monde que personne n’a.
Tes mains, tes émotions, ton histoire personnelle… tout cela compose ta palette créative unique.
Ce terme Oubaitori est utilisé comme une métaphore pour rappeler que chaque personne suit son propre chemin.
Chacun a son propre rythme d’épanouissement et possède des qualités singulières qui ne doivent pas être comparées à celles des autres.
Le cerisier ne jalouse pas la pivoine. Il fleurit, tout simplement, quand son heure arrive.
2. MA – L’espace fertile
Ma est l’un des concepts les plus profonds de l’esthétique japonaise. Ce caractère 間 évoque l’espace, l’intervalle, la pause fertile.
« Il faut toujours être occupée pour être productive » – ah, cette injonction moderne ! « Les pauses, c’est de la paresse », « Je dois rentabiliser chaque minute », « Si je m’arrête, je vais perdre mon élan »…
Nous avons tellement peur du vide que nous le remplissons de bruit, d’activités, de stimulations. Comme si l’inspiration pouvait naître dans le chaos permanent.
Ma est l’art de créer et de respecter des espaces, dans le temps, l’espace physique, ou la pensée. Ces espaces, ces « pauses », permettent ainsi à la beauté, à l’inspiration et à la créativité de s’épanouir.
Le vide évoqué par ce caractère n’est donc pas celui de l’absence, mais l’espace plein de possibles.
Dans un jardin japonais, Ma est l’espace entre les pierres qui permet au regard de respirer. En musique, c’est le silence entre deux notes qui donne son sens à la mélodie. En calligraphie, c’est l’espace blanc qui fait exister les caractères.
Ma nous enseigne que le « rien » apparent est en réalité le terreau de la beauté à venir.
Alors ce vide que tu redoutes, sache qu’il est fécond, créateur.
Accorde-toi ces pauses sans culpabilité. Regarde par la fenêtre, laisse ton esprit vagabonder. Dans ces moments de « rien », quelque chose de précieux se prépare…
3. KAIZEN – Les petits pas durables
Littéralement, Kaizen signifie « changement pour le mieux » ou « amélioration continue ». Ce concept est profondément ancré dans la culture japonaise, aussi bien dans la vie professionnelle que personnelle.
« Je n’ai pas le temps de créer », « Il faut que je fasse quelque chose de grand »; « Je ne sais pas par où commencer », « Ce n’est pas assez bien pour être montré »… Le perfectionnisme, ce grand paralysant ! Il nous fait croire qu’il faut projets grandioses ou inspiration foudroyante pour que ça vaille le coup de créer.
Kaizen encourage à progresser chaque jour par de petites actions concrètes, plutôt que de viser des changements radicaux ou brusques. L’idée est que de nombreux petits progrès, répétés et cumulés, finissent par produire de grandes transformations.
Kaizen n’est pas seulement une méthode, mais une philosophie de vie. Il s’agit de ne jamais se satisfaire de l’état actuel. Cette philosophie amène à toujours s’améliorer, apprendre, ajuster ses habitudes ou ses processus
Et parce que les changements sont modestes, ils sont plus faciles à intégrer, à maintenir dans le temps. Ils génèrent aussi moins de résistance ou de découragement.
Avant de plonger dans les outils concrets, je te partage l’article Challenge lecture du blog Mon Bagage Culturel. Eva montre qu’il suffit parfois de ralentir et d’écouter ses envies pour retrouver le plaisir d’agir.
III. Passer à l’action avec des solutions « slow » concrètes
Maintenant que tu as découvert ces trois trésors japonais, comment les intégrer concrètement dans ta vie créative ?
D’abord, en t’appuyant sur 4 piliers fondamentaux qui vont transformer ta relation à l’art. Ces piliers ne sont pas de simples théories ; Ils deviennent des réflexes, des guides pour créer enfin en harmonie avec ton rythme naturel.
Les 4 piliers du slow life créatif :
- La décélération consciente : Créer dans le temps choisi plutôt que dans l’urgence. Planifier tes moments créatifs comme des rendez-vous importants. Refuser les sessions « entre deux » qui dispersent ton attention.
- La qualité plutôt que la quantité : Privilégier une création aboutie plutôt que dix ébauches. Prendre le temps de finir ce que tu commences. Choisir tes projets au lieu de les subir.
- La présence plutôt que la productivité : Oublier le chrono pendant la création. Ne plus mesurer ta valeur au nombre d’œuvres produites. T’autoriser la lenteur et savourer chaque étape du processus.
- Le temps choisi plutôt que le temps subi : Créer quand ton énergie est là, pas quand ton planning l’impose. Reconnaître tes moments de grâce créative. Respecter tes cycles naturels d’inspiration et de repos.
Cultive ton rythme slow life (Oubaitori)
Voici comment cultiver concrètement ton propre rythme créatif, loin de toute comparaison :
1. L’audit créatif personnel
- Identifie 3 créatrices que tu admires
- Note ce qui te plaît SANS te comparer
- Trouve 3 qualités uniques dans tes propres créations
- Formule ta « signature créative » en une phrase
2. Le « journal de ta différence »
- Chaque semaine, note une spécificité de ton style
- Collectionne les compliments sur ton travail
- Observe ce qui revient naturellement dans tes créations
- Célèbre tes « défauts » comme des particularités
Suspend le temps et l’espace (Ma)
Comment créer concrètement ces pauses nourrissantes dans ton quotidien créatif ?
1 : La pause sensorielle
- Vue : Fixe un point vide sur ton mur pendant 2 minutes
- Ouïe : Écoute activement le silence entre les bruits
- Toucher : Caresse la texture de ton matériel sans l’utiliser
- Odorat : Respire l’odeur de ton espace créatif
- Proprioception : Ressens la position de ton corps dans l’espace créatif
- Chaque sens révèle un aspect différent du vide créatif
2 : Le geste suspendu
- Place ta main à quelques centimètres de ton matériel créatif
- Reste immobile 30 secondes, ressens l’espace entre
- Observe ce qui se passe dans cet « entre-deux »
- Laisse ton geste naître naturellement de cette suspension
Agis en mode slow life (Kaizen)
Comment transformer tes petits gestes quotidiens en élan créatif durable ?
1 : La règle des 2 minutes
- Si une action créative prend moins de 2 minutes, fais-la immédiatement (ex: sortir son matériel, faire un croquis rapide…)
- Cumule ces micro-actions quotidiennes
- Célèbre chaque petit geste créatif
2 : La progression hebdomadaire des 1%
- Crée 10 minutes par jour
- Augmente progressivement chaque semaine sans jamais forcer (Semaine 2 : 12′ de création par jour, semaine 3 : 15′ etc…)
IV. Maintenir ton élan créatif en mode « slow life »
Une fois que tu as commencé à créer au regard des concepts Oubaitori et Ma, il faut maintenir cet élan. Pour continuer sur cette lancée, Kaizen peut t’accompagner.
Beaucoup de créatrices abandonnent rapidement: elles retrouvent leur rythme, créent quelques fois, puis retombent dans leurs anciens schémas.
Kaizen nous enseigne comment transformer un élan initial en habitude durable. Comment ? Par une progression douce et une amélioration quotidienne établie sur plusieurs semaines.
Il ne s’agit plus de se remettre à créer, mais de continuer à créer de manière pérenne et épanouissante.
Ton défi Kaizen sur 30 jours
Ce défi, c’est ton compagnon de route pour installer la créativité dans ton quotidien. Pas de révolution brutale, juste une évolution douce qui respecte ton rythme et tes contraintes.
Semaine 1 : Établir la base
- Définis ton « minimum viable créatif » (5-10 minutes par jour)
- Prépare ton espace créatif la veille
Cette première semaine, tu poses les fondations. Ton « minimum viable créatif », c’est ce petit geste quotidien que tu peux faire même dans tes journées les plus chargées. Préparer ton espace en amont invite la créativité à s’installer naturellement.
Semaine 2 : Ajouter la régularité
- Documente tes micro-progrès
- Célèbre chaque session, même « ratée »
Maintenant que tu as trouvé ton rythme, tu apprends à voir tes progrès. L’important, c’est de garder trace de ce chemin que tu parcours. Et surtout, célèbre tout ! Cette aquarelle qui a bavé ? Elle t’apprend quelque chose. Ce poème bancal ? Il libère des mots qui attendaient de sortir.
Semaine 3 : Introduire la nouveauté
- Teste UNE nouvelle technique par semaine
- Garde ce qui te plaît, abandonne le reste
Ici commence l’exploration en douceur. Kaizen t’invite à goûter sans te forcer. Certaines expériences résonneront avec toi, d’autres non. C’est parfait ! Tu construis peu à peu ta palette créative personnelle.
Semaine 4 : Ancrer l’habitude
- Trouve ton rythme optimal
- Identifie ce qui fonctionne vraiment
Cette dernière semaine, tu fais le bilan avec bienveillance. Quel moment de la journée te convient le mieux ? Quel matériel te fait vraiment vibrer ? Quels gestes te procurent cette joie créative que tu cherchais ? Tu gardes ce qui nourrit, tu laisses le reste.
Crée enfin à ton rythme
Tu as maintenant 3 concepts japonais qui peuvent transformer ton rapport à la créativité:
- OUBAITORI pour arrêter de te comparer et honorer ton rythme unique,
- MA pour créer des espaces fertiles où l’inspiration peut émerger,
- KAIZEN pour agir par petits pas durables.
Ces concepts ne sont pas juste des idées philosophiques. Ils sont des outils concrets pour passer à l’action en mode « slow life ». Ils t’invitent à créer avec douceur, à ton rythme, sans pression.
Paradoxalement, le slow living créatif peut être une accélération consciente vers l’essentiel. Il amène à choisir la qualité sur la quantité, la présence sur la performance, la joie sur l’obligation.
Et si je te confiais ma conviction? Chaque minute passée à consommer nous retire du temps pour créer. Alors autant inverser la tendance ! Freiner notre consommation pour libérer notre créativité. Troquer l’accumulation contre l’expression… C’est peut-être là, le vrai secret pour (re)mettre la création au cœur de ta vie!
Dis-moi en commentaire, lequel, parmi OUBAITORI, MA et KAIZEN, résonne le plus avec ton blocage actuel. Comment vas-tu adapter ces concepts à ton domaine créatif spécifique ? Quelle sera ta première action « slow life » pour te (re)mettre à créer ?
Si tu ressens parfois des blocages ou un manque d’élan créatif, je t’invite aussi à découvrir cet article. Tu y trouveras d’autres pistes inspirées de la sagesse japonaise.
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Résumé
La philosophie slow life peut transformer ton approche créative. Pour appliquer cette démarche au quotidien, quelques concepts japonais simples offrent des clés concrètes. L’objectif ? Retrouver enfin la joie de créer sans pression, en respectant son rythme naturel, en choisissant la qualité sur la quantité.
FAQ
- Faut-il connaître la culture japonaise pour appliquer ces concepts ?
Pas du tout ! Ces concepts sont simples et adaptables à notre quotidien occidental. L’important est de comprendre leur essence plutôt que leur origine culturelle. - Combien de temps faut-il pour voir les effets du slow life créatif ?
Dès la première semaine, tu peux ressentir moins de pression. - Ces techniques conviennent-elles à tous les domaines créatifs ?
Oui, ces concepts s’adaptent à votre discipline. - Comment choisir entre les 3 concepts si je débute ?
Commence par celui qui résonne le plus avec ton blocage actuel : OUBAITORI si tu te compares beaucoup, MA si tu manques d’inspiration, KAIZEN si tu procrastines. - Le slow life créatif risque-t-il de diminuer ma productivité ?
Au contraire ! En te concentrant sur l’essentiel et en respectant ton rythme, tu crées mieux et de façon plus satisfaisante. - Que faire si je n’ai vraiment que 5 minutes par jour ?
C’est parfait pour commencer ! Kaizen nous enseigne que 5 minutes quotidiennes valent mieux qu’une session de 2h une fois par mois. L’important est la régularité, pas la durée.
Merci Sylvie pour tous ces conseils précieux et innovants (pour moi qui ne les connaissaient absolument pas) pour nous permettre de ralentir tout en développant notre créativité. J’adore également tes illustrations 😍
Ravie de découvrir Oubaitori, Ma et Kaizen!
J’ai justement écrit un article cette semaine qui parle de Ma, en d’autres termes, mais qui valorise ces espaces de pause où le rien laisse émerger le tout. J’adore pouvoir vivre ces instants, ces moments de ralentissements puis de créativité intense qui survient sans prévenir. Alors ma procblématique à moi serait plutôt dans le Kaizen, la continuité, car je fonctionne un peu plus en mode ON/OFF qu’en régularité 😉
Un grand bravo, Sylvie, pour ton article. Superbe découverte mêlant Oubaitori, Ma et Kaizen qui résonne énormément avec ma propre quête d’un rythme créatif plus aligné, plus doux, mais aussi plus durable.
Cet élan qui revient, puis s’effiloche faute d’ancrage. L’idée de transformer cette impulsion en habitude grâce à la philosophie Kaizen est précieuse. C’est inspirant de voir que l’on peut avancer avec douceur, constance et sens. Merci pour cette belle piqûre de motivation. Actuellement ma créativité est concentrée sur mon projet avec ma t’ite loulou pour la réalisation d’une choré.
Merci pour cet article ! Je ne connaissais pas du tout ces concepts japonais que tu présentes, et j’ai adoré les découvrir ! Ça m’a donné plein d’idées pour réintégrer de la création dans mon quotidien sans pression. Je vais commencer doucement, sûrement avec Kaizen, car l’idée des petits pas me parle beaucoup…. Merci pour cette belle inspiration !
Merci pour cet article. J’entendais parler de ce concept sans bien savoir de quoi il s’agissait. Merci pour cet éclaircissement et les techniques concrètes pour mettre en pratique ce mode de vie.