L’impression végétale naît d’un geste simple : presser une feuille sur le papier pour en garder trace.
Cette technique ne demande aucune compétence artistique particulière.
Tu peux rater, recommencer, expérimenter.
Chaque végétal réagit différemment : à toi de t’intéresser aux formes, aux textures, aux motifs de la nature pour l’apprivoiser...
I. L’art de l’empreinte : une tradition universelle qui nous rassemble
Depuis toujours, l’humanité ressent cette envie irrésistible de garder trace, transmettre, célébrer le vivant. Les mains posées sur les parois des grottes de Lascaux, les empreintes de poissons du gyotaku japonais, les motifs végétaux des traditions aborigènes australiennes…
Partout dans le monde, les cultures ont développé des techniques d’impression.
Cette même pulsion créatrice nous anime encore aujourd’hui. L’empreinte végétale répond à ce besoin fondamental de créer du lien avec la nature.
Elle nous invite à observer avec attention les merveilles qui nous entourent.
Ce qui rend cette pratique si séduisante ? Sa simplicité. Pas besoin de savoir dessiner ou d’avoir des années d’expérience artistique derrière toi. Quelques végétaux cueillis lors d’une promenade, un peu d’encre, du papier japonais… et voilà !
L’impression végétale est un art populaire et convivial, parfait pour expérimenter seule ou partager un moment créatif en famille.
Ici, tu peux explorer librement et te laisser surprendre par les résultats.
II. Deux techniques d’impression végétale
Je te propose deux approches distinctes :
1. L’empreinte directe
Cette technique est inspirée du gyotaku japonais. Il s’agit de cet art venu des pêcheurs. Elle consiste à poser le papier sur le poisson encré et prendre l’empreinte en frottant délicatement la feuille.
Cette première méthode consiste donc à appliquer l’encre sur ton végétal avant de le presser sur le papier.
Le résultat ?
Des impressions précises et détaillées qui révèlent la structure fine des feuilles et les nervures délicates.
Tu peux jouer avec une couleur unique pour un rendu épuré, ou superposer plusieurs teintes.
Après impression, rien ne t’empêche de retoucher ton œuvre à l’aquarelle ou à la gouache pour ajouter ta touche personnelle.
2. L’empreinte indirecte
Plus expérimentale et spontanée, cette seconde approche inverse le processus.
Tu places tes végétaux sous le papier japonais et tu passes le rouleau encré par-dessus.
L’effet obtenu est plus brut, plus « expressionniste ».
Ce que j’adore dans cette technique, c’est qu’elle crée ces sortes de « photogrammes » alignés, dus à l’espacement des passages de rouleau. L’aspect aléatoire du résultat réserve de belles surprises !
L’avantage pratique ?
Tu peux travailler sur de grands formats que tu pourras ensuite recadrer, découper, intégrer dans des collages ou accompagner d’écriture.
Attention : cette prise d’empreinte n’a rien à voir avec l’empreinte indirecte en gyotaku. Chez les japonais, cette méthode est plus complexe. Il s’agit, en effet, d’appliquer les couleurs en tapotant délicatement à l’aide de tampons spécifiques. Les détails du poisson sont bien plus précis qu’avec la technique plus « sauvage » du rouleau à encrer!
III. Trois étapes pour réussir tes premières impressions végétales
1. La cueillette
C’est l’occasion parfaite de sortir et de porter ton attention sur toutes ces herbes qui bordent les chemins. En pleine nature ou dans ton jardin, sélectionne une belle variété de végétaux.
Ne cherche pas forcément les végétaux les plus rares. Tu seras surprise de découvrir combien les « plantes ordinaires » donnent souvent de belles lignes directrices dans une composition !
Choisis tes végétaux en pensant à :
- Leur fraîcheur (évite les feuilles trop sèches qui se casseront)
- Leurs formes graphiques (nervures marquées, contours intéressants)
- Leur résistance : pour les fleurs très fragiles, oriente-toi plutôt vers la technique 2 qui préservera mieux leur intégrité
Prépare-les délicatement : nettoie-les si nécessaire, retire l’excès d’humidité avec un linge doux. Garde-les à plat le plus possible.
2. La préparation de ton espace créatif
Rassemble ton matériel :
- Encre à l’eau (gouache, acrylique ou encre lino à l’eau)
- Papier de riz japonais
- Spatule coudée (pour préparer l’encre, mélanger les couleurs etc.)
- Rouleau à encrer (ou rouleau de pâtisserie propre)
- Pinceaux et brosses de petites tailles
- Plaque de plexis ou surface lisse pour étaler l’encre (ex : marbre)
- Chiffons et papier absorbant
- Cuillère à café ou baren (pour presser)
3. L’encrage
Pour la technique d’encrage direct :
- Étale une fine couche d’encre sur ta plaque de marbre ou plexis avec le rouleau
- Prépare ton encre : entraîne-toi d’abord au brouillon pour trouver le bon dosage d’encre sur ton rouleau. Trop d’encre ? Ça colle au papier en créant des taches disgracieuses !
- Applique l’encre sur ton végétal avec une petite brosse, en suivant le sens des nervures. Veille à ne pas surcharger ta brosse pour laisser apparaître les particularités de la feuille.
- Pose le végétal encré sur ton papier japonais (ou l’inverse), face encrée contre le papier
- Presse doucement avec tes mains, le dos d’une d’une cuillère ou un baren sans faire bouger le végétal
- Soulève délicatement ton végétal pour révéler l’empreinte.
Astuce : Une seconde impression sans ajout d’encre sur le végétal donne généralement une version beaucoup plus fine et précise du motif !
Pour la technique indirecte :
- Dispose tes végétaux sur un support lisse
- Dépose le papier japonais, selon ta composition
- Charge ton rouleau d’encre uniformément
- Passe le rouleau encré sur le papier. Mouvements réguliers, parallèles ou autres : à toi de voir!
- Varie la pression pour créer des effets de matière différents
Enfin, laisse sécher plusieurs heures, notamment si tu prévois une variété de couleurs.
IV. Cinq idées pour explorer l’art de l’empreinte végétale
Voici quelques pistes pour enrichir ta pratique :
- Superpose plusieurs couches d’impression
Commence par ta première impression végétale et laisse-la sécher complètement. Ensuite, repositionne de nouveaux végétaux par-dessus ta première empreinte. Varie les couleurs entre chaque couche pour créer des effets de transparence et de profondeur. - Joue avec les formats
Recadre tes grandes impressions ou assemble plusieurs petites empreintes pour former une œuvre plus monumentale. - Ajoute des éléments de collage
Découpe des formes géométriques dans du papier coloré ou des chutes de papier japonais. Colle-les par-dessus ou autour de tes impressions végétales. Tu peux aussi utiliser de vrais végétaux séchés que tu fixes avec de la colle à bois. - Complète avec des lavis
Applique ces lavis (aquarelle, gouache etc.) autour ou sur tes impressions végétales pour unifier ta composition. Laisse sécher entre chaque application pour éviter les bavures. - Combine impression végétale et écriture manuscrite
Imagine de nouvelles compositions en écrivant directement en lien avec tes impressions.
L’impression végétale: un tremplin créatif
L’art de l’empreinte désinhibe vraiment le geste créatif. Il pousse à tester différents papiers, formats, mediums.
L’impression végétale est véritablement magique par sa spontanéité, sa simplicité et ses multiples usages. Tu peux y associer bien sûr l’écriture, ou encore d’autres matières comme la photographie ou la broderie.
Le mixed-media n’est jamais loin quand on commence à écouter ce que nos créations nous murmurent.
Personnellement, j’ai envie d’explorer la calligraphie et le lettering pour créer plus librement. Même si j’apprécie l’écriture naturelle, maîtriser quelques bases m’ouvrirait d’autres horizons créatifs.
Pour célébrer tes petites merveilles du quotidien, je t’invite à rejoindre le groupe Facebook Rêve Debout.
Épingle aussi cet article pour être sûre de le retrouver plus tard:
Résumé
L’impression végétale naît d’un geste simple et spontané qui ne demande aucune compétence artistique. Cet art de l’empreinte donne confiance pour mener d’autres explorations créatives ou expérimenter différents médiums, formats et supports.
FAQ
- Quel matériel faut-il pour débuter l’impression végétale ?
Du papier japonais, de l’encre à l’eau (gouache ou encre lino), un rouleau à encrer, des pinceaux/brosses, une plaque lisse et des végétaux frais. - Quels végétaux choisir pour réussir ses impressions végétales ? Privilégie les feuilles fraîches avec des nervures marquées. Les « mauvaises herbes » donnent souvent de beaux résultats. Pour les fleurs fragiles, mieux vaut les presser entre des livres quelques jours avant.
- Comment éviter les taches disgracieuses ? Entraîne-toi au brouillon pour doser l’encre. Trop ou trop peu d’encre colle au papier. La seconde impression sans ajout d’encre a souvent un rendu délicat. Pour plusieurs couleurs, laisser sécher entre chaque couche.
- Peut-on utiliser l’impression végétale avec d’autres techniques ? Cette technique se combine facilement avec l’écriture, le collage, la photographie ou l’aquarelle.
Quelle belle invitation à ralentir et à regarder autrement la nature. Ton article donne vraiment envie d’essayer, même sans aucune expérience artistique.
Merci Laura. N’hésite pas à te lancer: un pinceau, de la gouache et du papier même basique, pour commencer!
L’impression de végétaux, c’est super ! J’ai pratiqué une autre technique avec mes TPS-PS (2-3 ans) quand j’étais enseignant (on faisait des sciences!) : Ils plaçaient une feuille (d’arbre) sous une feuille (de papier) et frottaient avec une craie grasse. Et ils conservaient ensuite sous blister le modèle qui n’avait pas été endommagé. C’était vraiment passionnant !
Ah oui, la technique du frottage est sympa aussi! L’encrage diffère un peu et permet aussi plus de possibilités.
Merci beaucoup pour cette belle découverte ! Je ne connaissais pas du tout l’impression végétale, mais tu l’expliques de façon très claire et intéressante. Ça donne vraiment envie d’essayer et de partager cette activité en famille pour créer un lien encore plus fort avec la nature…. Merci ! 🌿🙏
Pour nous qui travaillons avec des petits, l’impression végétale, facile à mettre en place, est un formidable outil : la nature a déjà fait la moitié du travail, et il nous suffit de la traiter avec respect pour qu’elle contribue à créer une oeuvre d’art. Si nous n’étions pas des éducateurs, nous serions tentés de dire « c’est magique » 😉
Merci pour cet article si poétique, qui donne vraiment envie de se lancer ! Être chaque jour en contact avec le végétal me permet de récolter de belles feuilles, des fleurs et mille petites merveilles de la nature. Et puis, j’adore les dessins à l’encre, même si ce n’est pas évident à maîtriser.
Aller : ce soir en fin de journée, je tente 🙂