Le Haïku : Outil de Pleine Conscience et Source de Transformation

C’est avec curiosité que je plonge pour la première fois dans l’effervescence d’un Carnaval d’Articles, un concept que j’ai découvert il y a seulement quelques mois. Imagine un collectif de blogueurs, chacun apportant son éclairage unique sur un thème commun. Captivant, n’est-ce pas ?

Ce défi a été lancé par Christèle du blog CréActiv’Épanouies, une source prolifique d’inspiration pour les femmes en quête d’épanouissement professionnel. Le thème ? ‘Les Clés de la Transformation Positive‘. Son blog fourmille d’outils pour transformer notre quotidien et atteindre un épanouissement professionnel sans précédent.

Il semble donc naturel de faire le lien entre ce thème et les stratégies d’épanouissement créatif et personnel que j’explore sur mon blog, Rêve Debout.

C’est avec plaisir que je te présente les bienfaits de l’écriture de haïku, une écriture concrète, simple et efficace qui te permettra d’embrasser pleinement le moment présent et de faire l’expérience de la pleine conscience dans ta vie de tous les jours…

Comment vivre le Moment Présent en Pleine Conscience

Qu’est-ce que la pleine conscience?

Aussi connue sous le terme anglais de « mindfulness », la pleine conscience est l’art de vivre l’instant présent de manière complète et sans jugement.

Vivre le moment présent est une manière de :

  • observer et canaliser nos pensées, nos sensations, nos émotions,
  • prendre conscience de soi et de son environnement,
  • établir des hiérarchies, des priorités,
  • tenir compte de son corps, de ses besoins et envies,
  • éviter le surmenage psychologique et l’excès d’activités,
  • développer des états de plénitude, contemplation, bien-être, joie, confiance,
  • exprimer sa gratitude pour ce qui est, en toute simplicité et vulnérabilité…
  • développer sa résilience
  • améliorer ses relations interpersonnelles.

La pleine conscience, une pratique ancrée dans la méditation bouddhiste, nous permet de laisser de côté le temps qui passe et les impératifs du quotidien, en laissant circuler nos souvenirs et nos projections vers l’avenir.

Que l’on soit en mouvement ou immobile, que l’on se réserve un moment spécifique ou que l’on intègre cette pratique à notre quotidien, la pleine conscience est adaptable à toute situation.

Mes 3 expériences de Pleine Conscience

Les moments de pleine conscience les plus vibrants s’invitent souvent lorsque je m’adonne à des activités créatives. Voici quelques exemples de ces moments :

  • dessiner, lire : fusionner mon espace – temps.  Quand je réserve du temps pour dessiner ou lire par plaisir, c’est un véritable cadeau que je m’offre, une reconnaissance de mes besoins et mes envies. La création, au sein de l’espace que j’ai moi-même défini, permet d’être pleinement présent à soi-même. Le temps semble se dissoudre, on fusionne avec l’action, il n’y a plus de frontière entre le corps et l’esprit. Lorsque je suis parfois interrompue, c’est comme si on m’extirpait d’un rêve, d’une bulle dans lesquels je n’avais plus de corps, où j’étais un simple vecteur entre rêve et réalité…
  • jardiner, un ancrage. Ici aussi, l’expérience est similaire. J’apprécie ce lien réconfortant avec la terre, cette sensation d’ancrage. Les sens sont plus sollicités, amplifiés. Il y a une manière unique d’appartenir à l’espace dans lequel on respire et on se meut. Paradoxalement, on est ancré dans la matière du sol, des éléments et de son corps, et en même temps, c’est une façon d’oublier ce qui est en soi ou au-delà de son périmètre de vie. C’est un excellent canal pour évacuer le stress, la surcharge mentale ou l’excès de pensées.
  • cuisiner et éveiller mes sens. C’est une activité manuelle que j’affectionne particulièrement, car elle met tous mes sens en éveil. Le fait de pouvoir toucher, observer les fruits de la terre me porte vers un état de gratitude et de véritable présence. Je m’émerveille devant la perfection de la nature mais aussi de son éphémérité et de son perpétuel renouvellement. Il y a aussi la joie d’anticiper un moment convivial, un partage de valeurs et d’émotions qui suivra.

Le Haïku et la Pleine Conscience

Le Haïku : une expression poétique de la contemplation

Le haïku est une forme poétique japonaise concise qui saisit des moments de la vie quotidienne de manière simple et évocatrice.

La lecture ou l’écriture de haïkus peut être une méditation en soi, incitant à la réflexion, à la contemplation et à l’introspection. Composé de peu de mots, un haïku se lit à voix haute deux fois, permettant d’apprécier pleinement chaque élément qui le compose.

ce matin c’est l’automne –

à dire ces mots

je me sens vieillir

Issa

En observant la nature qui l’entoure, Kobayashi Issa se tourne vers une écoute intérieure : il établit un parallèle entre son environnement et son état intérieur. Il prend conscience de l’impact des mots, des concepts, mais aussi de leur résonance sur son état psychologique. L’automne, saison de déclin, reflète le déclin qu’il constate en lui-même : il s’y résigne, accueillant la vieillesse comme il accueille et accepte les changements de saisons.

j’ai tué une araignée –

solitude

de la nuit froide

Shiki

Shiki prend conscience de son comportement automatique. Au-delà d’un acte impulsif, son geste est plus un réflexe qu’un acte conscient. En évoquant son action, il transforme celle-ci en une méditation, un acte à assumer seul. Cette solitude lui pèse autant que le froid et sa culpabilité pour l’acte commis. Son acte, aussi froid que la nuit lui rappelle que nous sommes un avec l’univers et que la plus petite action peut avoir ses conséquences sur le monde.

du violet des nuages

au mauve des iris

ma pensée va sans cesse

Chiyo-Ni

Dans la méditation, on conseille souvent de laisser les pensées passer comme des nuages. Devant la splendeur du paysage, la poétesse vit un état de contemplation absolue. Cependant, tout comme en méditation, le flux incessant de ses pensées la ramène constamment à son agitation intérieure. Elle observe ce phénomène sans porter de jugement.

iris fermé

Le Haïku : un paradoxe de contemplation et concision ?

Le haïku, c’est l’art et la manière d’inciter le lecteur à ralentir et à s’immerger dans chaque mot. D’une part, le haïku semble aller à l’encontre du rythme effréné de la société moderne avec son écriture posée, réfléchie, précise, son appréciation mesurée des mots et son intérêt pour le silence et l’insignifiant. D’autre part, le haïku présente un format résolument moderne, un format bref, efficace, capable de transmettre et d’éveiller en quelques syllabes des émotions, des sensations communes à tous. Il a l’art de nous élever et de nous tenir en suspens le temps d’une petite histoire.

Le monde

est devenu

un cerisier en fleurs

Ryokan

Au Japon, le rituel du hanami, ou « contemplation des fleurs », est une tradition de communion avec la nature. Ryokan observe ici autant les fleurs de cerisier que l’attention qui leur est portée pendant la saison printanière. Le poète transmet son état de plénitude et de bien-être, illustrant comment la nature comble celui qui lui prête attention. L’expression « le monde » universalise ce ressenti irrépressible d’émerveillement devant tant de beauté, de légèreté et d’éveil sensoriel.

Le Haïku comme outil de transformation personnelle

Le Haïku et le Développement Personnel

La pratique du haïku peut transformer profondément notre vie personnelle. En nous rendant plus sensibles à notre environnement et à nos émotions, elle favorise notre croissance personnelle. Le haïku peut également être un soutien précieux lors de changements de vie majeurs ou de défis personnels, tels que des problèmes de santé ou le deuil.

Le cas du couple de haijins, Jean Hugues Malineau et Françoise Naudin-Malineau, illustre parfaitement le bonheur et les bienfaits de l’écriture du haïku. Leur recueil, Dans le bonheur d’aller, rassemble des textes écrits entre 1989 et 2018. Ces haïkus témoignent de leur connexion à la nature et aux joies simples de la vie quotidienne à deux. Leurs haïkus se répondent, reflétant des regards complices, complémentaires et singuliers sur une vie partagée.

Du haut des peupliers

le bleu du ciel descend

jusqu’à nos pieds

Marcher sur les glands

dans le chemin creux couvert d’herbe

pourquoi cette joie ?

Après la perte de son compagnon, Françoise Naudin-Malineau décide de rendre hommage à « l’art qu’avait Jean-Hugues d’illuminer la vie ».

Dans son ouvrage Sur les chemins de l’après, elle témoigne, sans pathos et pourtant avec profondeur, « ce que fut (leur) manière d’aller… »

Retour de la pêche

au bout de ma ligne

ton ombre en chapeau de paille

Comment le haïku peut-il me transformer ?

La pratique du haïku contribue à mon épanouissement quotidien et m’aide à m’améliorer sur certains comportements. Voici un de mes haïkus écrit en pleine conscience :

changement d’heure

le mur ne porte plus

l’ombre du pin d’Alep

L’écriture de ce haïku a été nourrie par l’observation quotidienne d’une ombre portée magnifique qui se dessinait chaque soir sur un mur. Je m’émerveillais chaque fois de cette apparition « magique ». Ce jeu d’ombres me fascinait, l’arbre majestueux se dédoublait sur la paroi qui devenait pour moi un véritable théâtre d’ombres…

À l’arrivée de l’heure d’hiver, ce spectacle éblouissant disparut, laissant place à la déception de ne plus pouvoir maintenir ce rendez-vous complice avec le soleil et le pin d’Alep. Cependant, en écrivant ce haïku, j’ai pu revivre ce sentiment de proximité avec les éléments. Écrire sa réalité permet de ne plus porter de jugement et d’accepter les changements de la vie avec simplicité, soulagement, satisfaction et bien-être.

Haïsha

Pratiquer le Haïku, c’est trouver son Expression Naturelle

Le Haïku : un lien entre soi et l’environnement

Le haïku, forme poétique concise et percutante, peut servir de véritable outil pour la pratique de la pleine conscience. Il nous invite à explorer notre environnement et à nous connecter à nos expériences quotidiennes de manière plus profonde et attentive.

L’inspiration pour un haïku peut venir de la nature ou de tout aspect de notre vie quotidienne. L’idée est de porter une attention pleine et entière à chaque instant, et de mettre en mots cette expérience, cette introspection. Dans cette perspective, l’acte d’écrire un haïku devient un exercice de pleine conscience.

Un concept clé dans la composition des haïkus est celui de « kigo » ou mot de saison. Les « kigo » nous relient à la nature et aux cycles saisonniers, nous rappelant la beauté et l’éphémérité de chaque moment. Au Japon, ces mots de saison sont compilés dans des almanachs appelés « saijiki« , qui documentent les observations des territoires et de leurs climats.

Voici quelques exemples de « kigo » pour évoquer l’été et l’automne :

-« Vent bleu du sud » est une expression qui décrit « une brise, assez vigoureuse, fraîche, claire, pure, qui se glisse dans les feuillages, à l’époque de leurs premières couleurs. » C’est un « kigo » évocateur de l’été, tel qu’expliqué par Alain Kervern dans La tisserande et le Bouvier.

-« Rizière moissonnée » est un « kigo » qui évoque l’automne. Alain Kervern en parle dans son ouvrage À l’ouest blanchit la lune : « Les plants de riz ont été coupés, et la rizière s’offre nue et rasée à la vue des passants. Ce spectacle est aussi symbole du dépouillement progressif de la nature (…) Il inspire mélancolie et vague à l’âme. »

Rédiger des Haïkus : un rendez-vous quotidien pour les ruraux et les citadins

La rédaction de haïkus est une pratique quotidienne qui cultive l’attention à la nature, aux personnes qui nous entourent, ainsi qu’à nos propres sensations et sentiments. Que l’on vive en milieu rural, baigné dans la nature, ou en milieu urbain, la pratique du haïku sensibilise nos perceptions et enrichit nos pensées.

Le senryu, une forme proche du haïku, permet d’évoquer avec humour les mœurs et les comportements sociétaux, offrant un portrait délicieusement incisif d’un individu ou d’une société. À travers l’observation des micro-événements qui émaillent notre journée, le haïku et le senryu nous incitent à chercher des expressions littéraires concises qui résument au mieux nos expériences.

Une méthode efficace pour cultiver l’art du haïku est de tenir une liste des petites scènes du jour. Il s’agit de consigner les micro-événements sous forme de phrases courtes, parfois sans verbe ni adjectif, qui répertorient des faits concrets. Ces notes aident à imprimer en nous des souvenirs sensoriels tels que les sons, les couleurs, les contrastes, les images, etc. Par exemple :

-Réveil tardif, le brouillard sur les toits et dans ma tête

-Novembre, plus un oiseau dans les feuilles du savonnier : le soleil figé

Je t’encourage à prendre note des instants simples de ton quotidien. Cet exercice t’aidera à porter ton regard sur les éléments les plus discrets ou banals, à les considérer comme faisant partie de toi et à les inscrire dans tes pages. Tu pourras alors, si tu le souhaites leur donner « l’esprit haïku ».

Relire ces notes plusieurs semaines ou années plus tard peut te replonger instantanément, tel un flash photographique, dans l’état de conscience dans lequel tu étais lorsque tu as vécu ces scènes.

Ainsi, la pratique du haïku devient une manière de se souvenir, de se reconnecter à soi-même et de cultiver une attention consciente à chaque instant de notre vie.

La pratique du haïku, avec son approche attentive et contemplative, élève notre conscience et enrichit notre expérience de la vie quotidienne. Chaque haïku est une occasion de s’exprimer de manière unique, de capturer un instant de vie avec une finesse et une précision qui touchent à l’essence de l’expérience humaine.

La richesse du haïku réside dans le paradoxe de sa nature contemplative, qui appelle à une décélération, et son format concis, qui reflète le rythme effréné de notre société. C’est un art transformateur qui nous invite à nous arrêter, à savourer chaque mot, chaque image, et à nous immerger dans l’instant présent. C’est la pleine conscience incarnée en poésie.

Pour ma part, la pratique du haïku a été une source de transformation positive. Elle a joué un rôle majeur dans mon épanouissement artistique et professionnel. Aujourd’hui, je bénéficie du soutien d’une communauté avec laquelle je partage mes poèmes, mes haïshas (photo-haïku), mes haïgas (dessin-haïku). Je suis également publiée dans de nombreuses publications (chez Pippa: Haïkus de Bretagne, Nocturnes-Haïkus de nuit, etc…) et développe ma créativité artistique et mes formations de créativité holistique autour de ce merveilleux outil.

Je t’invite à découvrir mes articles et à suivre mes réseaux sociaux pour te familiariser avec « l’esprit haïku ». Peu à peu, tu pourras t’initier à cette forme poétique porteuse de changements positifs et communicatifs.

Si cet article t’a inspiré, n’hésite pas à le partager, à le commenter et à me poser toutes les questions qui pourraient nous aider à cheminer ensemble vers plus de conscience…

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7 réflexions sur “Le Haïku : Outil de Pleine Conscience et Source de Transformation”

  1. Bravo pour cet article très poétique!
    J’ai découvert il y a peu les haikus, et je n’avais pas imaginé que cela pouvait être un outil de transformation personnelle! donc merci pour ces lignes poétiques.

    1. Merci à toi! Comme de nombreux (pour ne pas dire « tous ») arts nippons, le haïku a cette capacité quasi-naïve de nous amener à prêter plus d’attention à soi, à l’autre, au Vivant…

  2. Raphaël SIMON

    Très bel article sur le fond et la forme

    La force de vivre
    est au fond de mes haïkus
    là où mon cœur bat

    La forme haïkus
    poésie écologique
    préserve les mots

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