J’ai découvert le haïku, ce petit poème japonais, durant mes années universitaires. Sa simplicité et sa fraîcheur m’ont immédiatement captivée. J’avais l’impression, en quelques mots seulement, d’être connectée à mon essence. J’étais stupéfaite de voir comment ces trois petites lignes pouvaient déclencher en moi autant de sensations, d’images et de créativité.
C’est ainsi que j’ai commencé à explorer l’essentiel du haïku, à comprendre ce qui rendait ce petit poème si unique et enchanteur.
Dans cet article, je t’invite à parcourir les éléments essentiels concernant le plus petit poème du monde : ses origines, sa structure unique, son évolution. Je te partage également quelques conseils pour tenter l’aventure de cette écriture merveilleuse.
I. Comprendre l’essentiel du Haïku : Définition et Origine
1. Qu’est-ce qu’un haïku ?
Le haïku est une forme de poésie japonaise brève qui vise à capturer un moment, une sensation ou une image simple, d’une manière saisissante.
Cette forme essentielle du haïku se caractérise par :
-son attention portée au réel : Un haïku traditionnel comporte un mot qui indique la saison, et un mot de coupe qui divise le poème et provoque un sentiment de surprise ou de révélation.
-sa structure concise : En Occident, un haïku est composé de trois lignes qui suivent un rythme court / long /court comportant 17 pieds (syllabes).
2. L’histoire essentielle du haïku
Le haïku tel que nous le connaissons aujourd’hui a été popularisé au 17e siècle par le poète Matsuo Bashô, considéré comme le maître du haïku pour avoir établi un certain nombre de règles de rédaction.
À l’origine, le haïku était connu sous le nom de hokku et était la première partie d’un type de poème plus long appelé renga. Au fil du temps, le hokku a commencé à être utilisé de manière indépendante, et au 19e siècle, Masaoka Shiki a proposé le terme haïku pour cette forme de poésie.
3. Le Haïku au Japon et ailleurs
Au Japon, le haïku est une partie importante de la culture littéraire. C’est une forme de poésie appréciée non seulement par les poètes professionnels, mais aussi par le grand public. Des concours de haïku sont organisés, et les haïkus sont souvent utilisés dans les salles de classe pour enseigner la poésie et la littérature japonaise.
Le haïku s’est également répandu à l’étranger : il est arrivé en France puis en Europe au XXe et s’est vraiment popularisé en France dans les années 1980, avec la parution de deux anthologies: Fourmis sans ombre, de Maurice Coyaud et Haïku, de Roger Munier.
II. La Structure essentielle du haïku
1. Le nombre de syllabes dans le Haïku
À l’origine, le haïku se présente comme un poème écrit sur une seule ligne. Il est composé de trois parties de 5,7 et 5 pieds. Au cours du XXe siècle, certains poètes japonais ont opté pour un haiku libre, oubliant ainsi la métrique classique tout en maintenant le compte des 17 syllabes.
Composé sur trois lignes, le haïku suit une structure syllabique spécifique, respectivement de cinq, sept syllabes, et cinq syllabes. Cette structure 5-7-5 donne au haïku sa forme concise et rythmée.
2. La Saisonnalité et le Haïku
Le haïku est souvent caractérisé par son attention à la saisonnalité et à la nature. Beaucoup de haïkus traditionnels contiennent un « kigo », ou mot de saison, qui indique la saison dans laquelle le poème est situé. Ce mot de saison donne un contexte et une atmosphère au haïku, et il souligne souvent la beauté éphémère et le changement constant dans la nature.
Soir d’hirondelles –
demain encore
je n’aurai rien à dire
Issa
3. Des indicateurs de temps et d’espace
Un aspect unique du haïku est l’utilisation du kireji, ou mot de coupe. Le kireji est un mot ou une forme de ponctuation qui est utilisé pour diviser le haïku en deux parties, créant souvent un contraste ou une surprise. Cette division ajoute un temps suspendu et invite le lecteur à réfléchir à la relation entre les deux parties du poème.
Poireaux lavés
poireaux tout blancs –
comme ils ont froid !
Bashô
Comme mentionné précédemment, le kigo est un mot de saison qui donne un contexte saisonnier au haïku, c’est une manière de « synthétiser » une image, une ambiance en peu de mots.
Au milieu de la vie
au milieu de la mort
la neige sans répit
Santôka
L’utilisation de kigo et de kireji dans un haïku est une illustration de la façon dont le haïku capture un instant précis dans le temps et l’espace.
III. L’essentiel du Haïku moderne
1. De nouveaux thèmes
Les thèmes les plus courants du haïku traditionnel (entre le 17e et le début du XXe siècle)
sont la nature, les cycles, les saisons, les éléments mais aussi l’être humain, ses besoins, sa
condition, ses sensations, ses sentiments.
Compte tenu de son évolution et de sa propagation dans le monde, le haïku contemporain, japonais ou occidental, s’est enrichi de thèmes issus de la modernité :
-la ville et les thèmes sociétaux (précarité, transports, industrialisation, pollution..)
-le corps et les loisirs
-les nouvelles technologies
-les événements (historiques, climatiques …)
Marché bio
j’achète une salade
deux vers et une limace
Pascale Dehoux
2. La disparition des mots de saison
Le haïku traditionnel inclut souvent un kigo mais cet élément n’est pas toujours présent dans le haïku moderne. En effet, de nombreux haïkus modernes se concentrent sur la capture d’une image ou d’un sentiment précis, souvent avec une certaine surprise ou révélation à la fin.
Quoiqu’il en soit, classique ou moderne, le haïku donne à voir du concret, il ne cherche pas à enjoliver, il est simple, sans artifice et n’exprime pas de généralités.
Seul dans la cuisine
je me demande
si je vais bien
Christophe Jubien
IV. Conseils d’écriture pour un haïku
1. Choisir un sujet
L’essence du haïku est dans sa simplicité et sa capacité à capturer un moment, une image, ou une sensation provenant de :
- la Nature : Pars de tes observations de la nature ou tes connaissances sur les éléments pour évoquer les saisons (ex : l’hirondelle pour le printemps, les arbres nus pour l’hiver, le crocus pour l’automne, la cigale pour l’été…)
- un Vécu : Écris sur ta réalité, sur un instantané de ta journée ; Que ce soit chez toi, en ville, en promenade, entre amis, au travail… tout autour de toi est source d’ inspiration.
- la Simplicité : Choisis un sujet ordinaire, banal et concret (le cri d’un oiseau, un filet de lumière sur une branche, le passage d’un train, la douceur d’un tissu…)
2. Composer en respectant la structure
Afin de te familiariser au rythme du haïku, trace trois lignes superposées : la première courte, la seconde longue, la dernière courte. Pense simplement à réduire le poème à 17 syllabes (à une ou deux près) et oublie un instant le compte rigoriste des 5/7/5 syllabes.
Ne dépasse pas 2 images ou motifs pour ton haïku et décris ce qui est, sans chercher à raconter une histoire :
- En ligne 1: Présente le sujet, la scène naturelle, la saison, le moment dans le temps etc.
- En ligne 2: Développe ton image ou insère un changement, un contraste par rapport à la première ligne.
- En ligne 3: Conclue en révélant une surprise, une réalisation ou en complétant l’image ou le sentiment du poème.
N’oublie pas d’inclure un « kigo » et un « kireji » (césure) mais n’oublie surtout pas que le plus important est de s’amuser !
Après avoir parcouru les notions essentielles du haïku, je t’encourage à noter les moments surprenants de ta journée et commencer à poser les mots d’abord sur une puis sur trois lignes. Remanie-les plusieurs fois jusqu’à ce que tu retrouves les sensations du moment évoqué et quelques éléments structurants du poème. Pour t’aider dans cette démarche, tu peux lire mon article « 3 Astuces pour écrire la poésie de sa vie quotidienne« .
Si tu veux prolonger la découverte du haïku, pose-moi tes questions via le formulaire de contact ou dirige-toi vers les ouvrages pédagogiques de Pascale Senk, L’Effet haïku et de Danièle Duteil, L’Art d’écrire des haïkus.
Profite du format court du poème pour partager ta création sur les réseaux ainsi qu’en commentaire de cet article !