Processus créatif: Comment le développer par le blogging

Il y a deux ans, je me lançais dans un défi audacieux : cultiver en toute visibilité mon processus créatif.
Mon intention était, à travers ce blog, d’approfondir mes connaissances sur les arts populaires japonais et les partager.
J’étais déjà attirée par leur dimension sensorielle et cette joie spontanée qu’ils procurent. Cette approche résonnait avec ma quête d’une créativité plus incarnée, plus connectée au corps.
Le partage de techniques s’est enrichi au fil des articles. Mes explorations ont progressivement éclairé des aspects de mon processus créatif restés jusqu’alors intuitifs.

Voici le bilan de cette expérience qui continue de me surprendre.

Processus créatif : l'orizome orange

I. Pourquoi développer son processus créatif en toute visibilité

Le blog, miroir révélateur de mon processus créatif

Dans mon premier article de blog, j’évoquais mes trois points de vigilance :

  • Solliciter mon élan de création
  • Maintenir la joie
  • Accueillir la transformation

Deux ans plus tard, je réalise que le blogging créatif a été le catalyseur parfait pour honorer ces engagements.
Rêve Debout est devenu pour moi un véritable miroir. Il révèle l’évolution de mon parcours artistique et de ma relation à la création.

D’ailleurs, je n’ai pas réussi immédiatement à m’engager dans la publication régulière.
J’ai, dans un premier temps, essuyé les déboires techniques. Puis d’autres interrogations ont commencé à me « paralyser ». À qui je m’adresse ? Quel thème intéresse mon lectorat ? Quel ton donner à mes articles ? Etc…
J’ai profité d’une période de Noël pour réellement m’engager à publier.
Bien que ne sachant pas encore quoi et comment partager, je me suis mise à publier une fois par jour. J’ai donc proposé la réalisation d’un calendrier de l’Avent à l’aquarelle sur 24 jours.
Mon blog était enfin devenu un espace où la discipline pouvait rejoindre l’élan spontané !
La contrainte du rythme de parution a transformé mes résistances. Certes je n’ai pas pu accompagner tous mes articles de vidéos mais j’ai renoué avec ma voix intérieure.

Cette étape a été le déclic pour comprendre ce que je voulais vraiment transmettre, au-delà de la simple technique.

Du perfectionnisme à la libération créative

La révélation du désapprentissage

Tu te souviens peut-être que je mentionnais ma tendance au perfectionnisme qui entravait mon élan créatif ?
Ce blog m’a servi de « tremplin » pour dépasser ce fardeau.
En structurant mes idées pour les tutoriels, j’ai eu une révélation majeure. Je ne souhaite pas enseigner des techniques picturales ou d’autres médias.
Mon idée : permettre à chacune de reconnecter à ses aspirations véritables et à ses sensations.
Mais comment traduire cela concrètement ?

L
orsque je crée, je suis attentive à ce qui me met en joie.
Je m’observe : « Vers quoi ai-je envie d’aller instinctivement ? » « Qu’est-ce qui me fait le plus vibrer pendant et après la création ? »
J’avais déjà, depuis un certain temps, lâché l' »académisme. Pourquoi ? Pour laisser place à une expression plus intérieure, intuitive, spontanée.
J’en ai déduit depuis peu que ma recherche portait en fait sur le désapprentissage !
En somme, je cherche à me libérer !

J’ai compris que mes partages n’étaient pas une fin en soi. Ils sont des outils pour libérer son expression naturelle.
Cette prise de conscience m’a éclairé le chemin.
Pour libérer mon geste et faire entendre mon expression naturelle, il me faudrait donc :

  • Renforcer ma pratique personnelle avec divers outils
  • Expérimenter le sensoriel sous de nouvelles formes
  • Travailler sur mon audace et ma confiance
  • Développer mes connaissances sur des artistes/groupes d’artistes proches de ma quête
  • Établir mon propre processus créatif

Le blog comme processus vivant

Le blogging est devenu lui-même un processus vivant où structure et liberté nourrissent, ensemble, ma démarche artistique.
En tenant un blog, je reste connectée à ce qui me fait vibrer. Je procrastine moins et ose plus.
Je cultive la joie de créer, même quand les idées ne sont pas là.
Trouver des inspirations pour mes lectrices stimule ma curiosité et mes aspirations.
Le blog recrée l’émulation que j’éprouvais en enseignant les arts plastiques. À la différence qu’aujourd’hui, je crée avant tout.
Je m’octroie ce temps pour libérer mon geste et mon esprit.

Processus créatif: planche test 3
Étude de l’aléas et de la maladresse comme « calligraphie »
Processus créatif: planche test 2
Combinatoire d’énergie, lenteur et lâcher-prise

II. Comment développer son processus créatif grâce au blog: Bilan et projection

Étendre ses connaissances pour nourrir son processus créatif

  • Mon mouvement artistique de prédilection est l’Arte Povera. Cette esthétique du « pauvre » résonne parfaitement avec ma quête des arts populaires japonais. Utiliser des matériaux ordinaires ou quotidiens rejoint cette philosophie de l’essentiel.
  • L’Art Brut m’inspire pour sa spontanéité. Ces créateurs autodidactes retrouvent instinctivement le geste primitif que je cherche à reconquérir. Leurs œuvres vibrent d’authenticité. Cette approche directe, sans filtre, nourrit ma recherche sur l’art de désapprendre.
  • Le mouvement CoBrA m’enthousiasme par sa joie explosive. Cette liberté gestuelle, cette couleur décomplexée correspondent à l’état de flow que je vise.
  • L’expressionnisme abstrait et l’Action Painting m’inspirent par leur approche corporelle. L’expressionnisme abstrait ouvre vers l’expression directe de l’émotion, libérée de la figuration. L’Action Painting pousse cette recherche vers l’engagement physique total. Cette implication physique dans l’acte créatif résonne avec ma volonté de connecter création et corporalité.
  • L’abstraction m’ouvre des territoires inexplorés. Plus qu’un style, elle devient pour moi un processus de libération du figuratif. L’abstraction me permet d’explorer la vibration colorée, la gestuelle libre, instinctive. Elle correspond à cet état où la main guide l’esprit plutôt que l’inverse. C’est exactement ce que cultivent mes explorations sensorielles.
  • Les rencontres avec artistes et artisans ouvrent de nouveaux horizons. L’entretien avec Sylvain Garrigues a été ma première et seule expérience. Son approche du gyotaku montre une façon de faire vivre un art traditionnel populaire sans perdre son essence.

Mon intention pour les mois à venir est de développer les entrevues et les articles sur mes inspirations.
Écouter des créateurs sensibles à la culture nipponne, aux arts modestes enrichira mon exploration sensorielle comme celles de mes lectrices.

Processus créatif: orizome et etegami
Kakemono: « orizome » et « etegami » sur papier de riz japonais

Travailler sur son audace pour approfondir son processus créatif

La transparence dans mon blog constitue mon premier défi.
Partager ses créations en public, c’est déjà s’exposer. Mais je réalise que je reste encore dans une zone de confort relatif.

Mon blog présente des réalisations abouties, des découvertes satisfaisantes, des expérimentations…
Mais qu’en est-il de mes tentatives ratées, de ces moments où l’expérimentation ne mène nulle part ?
Je dois bien l’avouer, cette transparence totale m’intimide encore.
Oser montrer l’envers du décor – hésitations, abandons, recommencements – représente un niveau d’authenticité que je n’atteins pas encore.
C’est pourtant là que se cache la vraie valeur du partage : ces moments imparfaits qui rassurent les autres créatrices !

Combiner plusieurs approches pour renforcer son processus créatif

Pour définir mon processus créatif, j’ai misé sur trois axes d’exploration qui se nourrissent mutuellement.

Utiliser les arts populaires japonais comme outils de libération

Les arts populaires japonais deviennent des outils précieux pour libérer l’expression intuitive.
L’etegami, que je maîtrise désormais, révèle son potentiel : il désinhibe le geste et révèle l’authenticité.
L’orizomegami (papier plié encré) et le momigami (froissage) m’offrent d’autres leviers de libération que j’explore encore. Leur dimension sensorielle – le toucher du papier, la surprise des plis – reconnecte au plaisir tactile de créer. Le chigiri-e (collage), encore en étude, promet d’autres révélations sur cette fraîcheur d’exécution qui émerveille.

Chacune de ces techniques devient un chemin différent vers la même destination : retrouver sa liberté créative naturelle. Ecrire sur ces sujets m’amènent à faire de longues recherches pour rendre ces arts les plus accessibles possibles. Je me lance aussi dans différentes tentatives pour répondre aux besoins de mes lectrices. Je progresse techniquement et acquiers plus d’expertise pour préparer mes futures retraites et formations en ligne.

Expérimenter de nouvelles approches sensorielles

Froissage du papier, diffusion des encres, rencontre des médiums, superpositions…
Je me penche davantage sur la fluidité pour aborder le flow, cultiver la pensée souple, le geste libre. En parallèle, j’explore des postures ou des arts spécifiques surprenants. L’objectif : développer sa sensibilité et aller vers l’expression naturelle.
Ces pratiques me rappellent que la créativité se cache souvent dans ce qu’on n’ose pas faire.

Approfondir la peinture intuitive

La peinture intuitive révèle différents niveaux d’approche. En explorant les pratiques de différents artistes, j’ai compris que je ne vise ni le mixed-media ni le loisir créatif. Ma recherche porte sur l’accès au flow, cette fluidité où vibration, sensorialité et émerveillement se rejoignent.

Mon intention ? Retrouver le lien au corps, à la spiritualité, aux lois du Vivant.
Et sur le blog,  je continue à vouloir transmettre cette joie ressentie lorsqu’on n’attend plus aucune « validation » pour créer.

Préciser son processus créatif et affiner le positionnement du blog

Ma vision du blog a évolué en parallèle de mon processus créatif.
Je m’adresse à celles qui veulent dépasser la découverte de techniques pour accéder à une vraie liberté d’expression.
Je distingue 2 étapes dans cette progression :

  • celle où on se sent libre de créer : on mobilise encore de l’énergie pour surmonter nos résistances. L’effort reste conscient.
  • celle où on crée librement : nos inhibitions se désactivent. L’expression coule naturellement, proche de l’état de flow

Cette progression n’est d’ailleurs pas forcément linéaire. Il peut nous arriver d’osciller entre ces deux états selon le contexte, le support, ou notre état émotionnel.
Je me dois donc de rendre visible cette « régression » temporaire en étant moi-même la plus transparente possible.

Processus créatif: la posture etegami 5
Posture « etegami » pour libérer le geste: tenue haute du pinceau et coude relevé

III. Quelques outils concrets pour libérer son processus créatif

Ces explorations se traduisent aujourd’hui par des outils concrets que je teste régulièrement.

Retrouver son geste d’enfant

Le premier outil consiste à court-circuiter nos automatismes de « bien faire ».
Cela permet d’observer ce que notre corps sait faire sans l’intervention du mental. Exemple : Créer avec sa main non-dominante ou les yeux fermés.
Avec l’etegami, la posture contraignante du bras sans support stoppe le mental.

Oser l’expression sauvage

Cet outil invite à embrasser délibérément l’imperfection et le chaos créatif.
Mais qu’entendre par « expression sauvage » ? Une création à la fois sans inhibition et sans idée préconçue.
Cet art du sauvage peut être irrévérencieux, discordant, laid, imprévisible.
Il échappe aux codes esthétiques habituels.

Comment l’expérimenter ?

  • en faisant volontairement « tout faux » selon les règles connues. Exemple : Mélanger les couleurs interdites, écrire à l’envers, peindre avec des outils improbables.
  • en utilisant ses outils de façon « interdite ». Exemple : humidifier une technique sèche, peindre avec une fourchette, dessiner avec ses doigts trempés dans l’encre.

Ce chaos conscient révèle des voies inattendues et libère une expressivité authentique.

Créer sans montrer

Le troisième outil libère du regard critique en créant dans l’intimité totale.
Sans le regard des autres, on :

  • s’autorise des expérimentations inattendues.
  • teste des combinaisons osées,
  • explore des matières qui intimident.

Exemple : froisser ses dessins « réussis » pour voir ce que la destruction révèle.

Processus créatif: planche etegami
J’utilise l’etegami comme vecteur de vibration et romps avec certains de ses codes (formats, couleurs réalistes)

IV. Trois incitations pour se sentir libre de créer

Voici trois incitations d’arts plastiques pouvant se décliner avec tous les médias : dessin, peinture, collage, photo, vidéo, écriture…
À toi de choisir celui qui résonne le plus avec ton envie du moment :

« On ne voit presque rien« 

Consigne : Crée des œuvres où les formes se devinent plus qu’elles ne se voient.
Ce qu’il y a à découvrir : Un fragment, un détail, un plan rapproché peut nous plonger dans une toute autre dimension.
Cette approche dévoile matières, motifs, textures invisibles ou méconnues qui nous amènent à plus de curiosité et d’émerveillement.

« Crée des photos ratées« 

Consigne : Transgresse volontairement les règles photographiques. Cherche l’accident technique ou de composition comme révélateur poétique et/ou documentaire.
Ce qu’il y a à découvrir : Ces « ratages » peuvent révéler une ambiance, une situation, parfois mieux que la technique parfaite. Ils parlent aussi de l’auteur : ses conditions de création, son état, ses contraintes.
L’accident devient témoignage authentique, libéré des codes esthétiques convenus.

« Laisse faire, laisse couler« 

Consigne : Abandonne le contrôle. N’interviens qu’au minimum. Résiste à l’envie de diriger.
Ce qu’il y a à découvrir : La collaboration avec la fluidité, le mouvement, la gravité, la légèreté etc. Comme le matériau, le support devient partenaire : ils créent leurs propres chemins.
Cette pratique révèle que lâcher prise ouvre des possibilités créatives impossibles à anticiper.

Processus créatif avec une fiole 4

Le blogging, révélateur de mon processus créatif

Ces 2 ans de blogging m’ont menée vers une liberté créative que je n’osais espérer. Ma conviction initiale – « la créativité est la clé pour surmonter les obstacles » – s’est transformée en certitude vécue.

Ce blog est devenu un laboratoire vivant où mes expérimentations trouvent leur sens, où mes doutes se transforment en découvertes.
J’ai, aujourd’hui, une compréhension plus fine de ce qui nourrit vraiment ma pratique artistique.
Les trois points de vigilance que je m’étais fixés au début sont devenus des réalités incarnées grâce au blogging créatif. J’ai intensifié mon élan de création. Je me suis laissée guider par ce qui me met en joie et continue d’accueillir la transformation.
Bien sûr, je sais que ce chemin de désapprentissage et de définition artistique ne fait que commencer.

Mes articles de blog ouvrent de nouvelles fenêtres sur mon parcours. J’espère qu’ils t’inspirent à explorer le tien.
Et toi, comment nourris-tu ton expression artistique ? J’aimerais connaître tes découvertes, tes expérimentations, tes moments d’émerveillement.
N’hésite pas à partager ton expérience en commentaire, ou à me rejoindre dans le groupe Facebook Rêve Debout. Nous échangeons autour de ces questions qui nous passionnent.
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8 réflexions sur “Processus créatif: Comment le développer par le blogging”

  1. J’aime la façon dont tu montres que le blogging peut devenir un véritable laboratoire créatif, autant pour libérer le geste que pour apprivoiser ses résistances. Tes exemples concrets rendent ce chemin vivant et inspirant, on sent qu’il s’agit autant d’une aventure intérieure que d’une pratique artistique. Ton approche du désapprentissage et de l’audace donne vraiment envie d’oser davantage dans sa propre créativité

  2. Ton article me parle énormément. L’idée du désapprentissage comme chemin vers plus de liberté créative est puissante. Et ce rappel que la transparence, même dans les ratés, nourrit autant que les réussites, c’est précieux, rassurant et inspirant. Merci Sylvie.

  3. Sublime parcours que tu partages. Pour ma part, je laisse parfois mes pinceaux vagabonder sans destination en suivant mon intuition, et c’est dans cette douce errance que la magie opère. 😉

  4. Bravo pour ces deux années très riches qui t’ont conduite à ce chemin de désapprentissage terriblement inspirant. Le fait que tu sois passée par une discipline libératrice de bog et de création, puis par le renforcement de tes connaissances sur certains mouvements artistiques me parle beaucoup. Je suis en train de libérer ma relation à l’écriture tout en découvrant la peinture à l’aquarelle, et je me rends compte de tout ce que les arts populaires japonais auraient à m’apprendre !

  5. J’ai été touché par ton article : tu nous embarques dans ton chemin créatif si personnel et inspirant. Quand tu écris : « Le blogging est devenu lui‑même un processus vivant où structure et liberté nourrissent, ensemble, ma démarche artistique », je ressens à quel point tu as su transformer ton espace d’écriture en un véritable laboratoire d’émancipation. Ton partage vibrant, honnête et sensible me parle profondément. Merci d’oser être vraie — ça donne envie de faire pareil 🙂

  6. Moi qui ne suis pas artiste, je me suis laissée tenter par un de tes articles sur l’urban sketching avec mes enfants, et franchement on a passé un super moment tous les trois. J’ai même trouvé mes dessins pas trop mal ! Et mes enfants ont adorés ! Merci pour tes partages.

  7. Sylvie, j’ai lu ton article comme on explore un carnet intime.Tu mets des mots justes sur ce que beaucoup d’entre nous vivent quand on crée et qu’on partage : la joie, les hésitations, le besoin de sens. Et c’est vrai que tu enseignes ce que tu vis et réussis et c’est très inspirant. En tant que blogueuse, je me retrouve parfaitement dans ce que tu dis sur le fait de désapprendre et de lâcher prise. Merci pour ce partage et bravo !

  8. Ton article respire l’authenticité et montre à quel point le blogging peut devenir un véritable terrain d’exploration créative. J’ai particulièrement aimé la façon dont tu transformes tes hésitations en moteur de liberté artistique. Cela donne envie d’oser sans peur du « raté ».

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